Piotr Nowak, Gaume, Belgique – Interview reprise de la Kishinkai Newsletter #32 – juillet 2023
Quel est ton parcours martial ?
Enfant j’ai essayé le judo et le jujutsu mais je n’ai pas accroché. Je suis arrivé de Pologne en Belgique à 10 ans et j’ai découvert le cinéma américain, dont le film « Nico » avec Steven Seagal. Ça m’a donné envie d’essayer l’Aïkido. Après avoir repoussé le moment de passer la porte d’un dojo, j’ai fini par essayer et je suis immédiatement devenu accro. Je voulais faire autant de stages que possible, je me renseignais tout le temps sur la discipline, etc.
<< On apprend le geste, puis on polit encore et encore dans l’objectif d’obtenir une pratique toujours plus fine et plus précise >>
Piotr Nowak
Comment as-tu découvert Léo et le Kishinkai ?
Comme j’aimais parler de la discipline quand je ne pratiquais pas, j’étais inscrit sur feu aiki-forum. C’est là où j’ai entendu parler de Léo la première fois. Je l’ai ensuite rencontré lors d’un de ses stages en Belgique.
Qu’est-ce qui t’a plu ?
J’ai découvert un enseignant enthousiaste, ouvert et généreux. Je garderai toujours en mémoire ce premier cours où l’on a travaillé ude kime nage, et le vide sidéral ressenti lorsque je suis passé entre ses mains. Je suis reparti décidé à le revoir rapidement.
Ensuite lorsque le Kishinkai a été créé, une fois par semaine je parcourais 140 km pour me rendre avec des amis à Liège au dojo d’Arnaud Lejeune.
Tu es également praticien de shiatsu ?
Oui, je me suis formé en « zen shiatsu » puis j’ai choisi de suivre l’enseignement de Masanori Okamoto de l’école Kuretake. Le shiatsu de l’école est transmis par kata. Une grande importance est apportée à la posture du praticien et à la forme de la main, afin d’exercer sans occasionner de douleur au praticien. La pression juste et la posture juste sont nécessaires pour permettre une pratique sans fatigue dans la durée.
Le shiatsu Kuretake est un massage clair et précis qui s’attache à un travail sur le corps du receveur, et n’inclus pas de théorie provenant de la médecine traditionnelle chinoise.
Quels liens fais-tu entre Aïkido et shiatsu ?
L’apprentissage passe d’abord par la vue : observer l’enseignant avant d’essayer de reproduire.
En termes d’état d’esprit le parallèle est flagrant : toujours chercher à faire mieux, à aller plus loin dans la compréhension, dans la justesse. On apprend le geste, puis on polit encore et encore dans l’objectif d’obtenir une pratique toujours plus fine et plus précise.
Proposes-tu du shiatsu dans tes cours d’aïkido ?
Rarement, mais j’intègre régulièrement des exercices de do-in (auto-massage) pour préparer le corps en début de séance, ou le relâcher après l’entrainement.
Tu as géré le stand shiatsu lors des deux événements des 24h des samourais ?
Oui, avec Olivier Vaillant.
C’était éprouvant. A chaque édition, je n’ai pu dormir qu’une heure, et la pause de quinze minutes des pratiquants est synonyme de rush pour nous. Le travail de Kuretake a été mis à l’épreuve et nous avons pu constater que le respect de la posture de travail permet de se préserver. Malgré tout, des douleurs ont pu apparaitre et la pratique adaptée, avec notamment du travail debout avec les pieds (sokuatsu).
Qu’en as-tu retiré ?
Une énorme satisfaction d’avoir partagé ça avec nos élèves et d’avoir montré notre travail. J’en sors plus convaincu que jamais que le shiatsu a sa place autour des budos s’il est fait avec une pratique sans chichi ni théorie ésotérique.
Depuis quand enseignes-tu ?
J’ai vraiment commencé à enseigner en septembre 2018, quand mon enseignant Robert Munaut m’a demandé de le remplacer. Pour me sentir plus légitime je préférais passer mon shodan, et l’année avant la transition j’ai donc préparé mon examen en m’entrainant chez Albert Poncelet. Avec le nidan en préparation, je prévois de retourner voir Albert autant que possible.
Que viens-tu chercher à la Formation Intensive Enseignant ?
J’y suis venu en premier lieu pour apprendre le catalogue approfondi de l’école. Maintenant, j’y trouve aussi le plaisir d’échanger et de pratiquer avec de nombreux pratiquants de tout horizon. Avec le succès de la FIE on retrouve tellement de pratiquants différents en termes de gabarits, de sensations, de niveau ! S’entrainer avec autant de monde permet de mieux appréhender ses propres limites, que ce soit dans la réalisation de la technique ou des blocages de son propre corps.
Au-delà de l’aspect pratique, après deux années de FIE, des amitiés se sont nouées et c’est une joie de retrouver les compagnons de route et de faire vivre une complicité née au fil des heures de sueur.
J’apprécie également le défi que représente chaque week-end et je remercie les enseignants qui nous accompagnent pour que l’on aille toujours plus loin, plus haut.
Texte et photos repris de l’interview effectuée dans la newsletter Kishinkai #32.